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286                PROMENADE AU SALON

merais, atténuée et rompue par quelques brins de joncs
sortant de l'eau.
   Cette âne me rappelle que je n'ai dit mot des bêtes. Tout
d'abord, les Vaches au labour (907) de Mile Bouillier. La
jeune artiste rend assez bien l'allure pesante de ces ani-
maux dont elle fait quelquefois des bœufs; mais j'aimerais
à retrouver dans leurs yeux quelque chose de cette douceur
et de cette mystérieuse rêverie que la nature y a mise. Ce
quelquechose, la Vache blanche (55), de M.Pezant, l'a peut-
être. Mais quel fâcheux arrangement! La vache a l'air
d'être placée en l'air, sur un rayon.
   Il y a d'autres ânes : Maître Aliboron (545), de MIIe Perrin,
un âne du monde; celui de Sortie de bergerie (305), de
M. Gélibert, une simple somme qui pose néanmoins pour
la raideur, au milieu du troupeau houleux et vagabond.
J'ajoute tout de suite ne pas bien me rendre compte de
la valeur esthétique du mouton, un des animaux qui,
cependant, tentent le plus le pinceau du peintre.
   Il nous faut tirer une profonde révérence au beau Fusain
(715) de M. Appian père, et quitter le paysage, sur cette
bonne impression. Car vous ne tenez pas, je suis sûre, à
ce que nous cataloguions cette cinquantaine de toiles,
formant le tribut ordinaire de braves gens qui exécutent
cela, bon an mal an, comme une tâche obligée. C'est tou-
jours le même sous bois, le même ruisseau, la même roche
moussue, plus ou moins éclairés, plus ou moins réussis.
   A côté, fonctionne la corporation des mariniers, avec
des Océans gris et courroucés, ou bien des Méditerranées
tranquilles et de toutes les couleurs. Nous aurons fait assez
en accordant un prix de persévérance à M. Raoul Brun, à
M. Timmermans, à M. Malfroy et à M. Calame.
   Pour les fleuristes, c'est un peu de même. Quand j'au-