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                         DANS LE LYONNAIS                            24I

  Les plaintes que ces déprédations inspirent à messire
Boyer se reproduisent à chaque page de son livre et souvent
sous une forme naïve qui nous touche d'autant plus :

 . En décembre 1629, nous dit-il notamment, la Compagnie d'or-
donnance de M. le Gouverneur fust envoyée establir garnison en ceste
ville, pour un mois, et ce, pour la seconde fois, dans la mesrae année,
au grand mécontentement des habitants de se voir si souvent visités
par des personnes qui ne savent apporter de bonheur dans une ville,
mais, au contraire, beaucoup d'incommodités et grandes dépenses,
pendant les rigueurs de l'hiver.

   Pourtant, il arrivait parfois que les habitants, révoltés de
tant d'avanies et de tant d'audace, résistaient à ces dépré-
dations. Un jour, les habitants de Saint-Bonnet, rfienacés de
pillage par deux compagnies du régiment de Villeroy,
prirent les armes et firent si bonne contenance, qu'ils en
imposèrent à ces soldats indisciplinés.
   De tous ces faits et de bien d'autres, qui forment les
annales d'une petite ville, l'auteur nous fait une peinture
fort exacte de la vie réelle de son temps. Il serait trop
long de les relever tous et surtout de rappeler tous les
traits de mœurs qu'il nous signale. Il en est cependant qui
ont fixé plus particulièrement mon attention.
   Veut-on se rendre compte, par exemple, de la lenteur
avec laquelle étaient transmises les nouvelles, à cette époque,
on en aura un exemple saisissant, quand on saura que la
mort du cardinal de Marquemont, archevêque de Lyon,
décédé à Rome, le 16 septembre. 1626, ne fut connue à
Saint-Bonnet que le 10 octobre suivant (13). Il fallait donc

   (13) La mort de Mgr de Marquemont devait d'autant mieux fixer
l'attention des habitants de Saint-Bonnet-le-Château, que ce prélat
avait, en l'année 1614, visité cette petite ville, où il fut reçu avec un