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                        DANS LE LYONNAIS                          233
journalier, comme l'a observé M. Siméon Luce dans son
Histoire de Bertrand Duguesclin, et comme achève de l'établir
le document que je signale à l'attention du lecteur?
   Un autre trait de mœurs qui me frappe au même degré,
c'est le contraste qui existe encore à cette époque, entre le
modeste mobilier de la mère de famille et la richesse des
joyaux qu'elle possédât. Pendant que ses meubles meublants
ne se composent guère que de quelques ustensiles d'étain
et de simples arches de noyer, servant à la fois de sièges et
d'armoires, son trousseau comprend toute une collection de
diamants et de pierres précieuses.
   Pour expliquer ce fait, suffit-il de dire que chacune de
ces pierres possédait quelque vertu particulière pour la
guérison de certaines maladies, comme ce saphir monté en
 argent, qui, d'après notre livre de raison, était bon pour
les enflures (et bun por enflours) (7)?
   Je ne le pense pas. N'oublions pas, en effet, que l'orfè-
vrerie est un des arts les plus anciens et le premier luxe des
peuples barbares, que l'éclat de la couleur et la richesse
des métaux ont toujours eu le don de fasciner. C'est ainsi
que M. Bulliot a signalé, à plusieurs reprises, la perfection à
laquelle étaient parvenus déjà les émailleurs du Mont-
Beuvray. C'est ainsi que, de nos jours encore, les paysannes


   (7) C'est ainsi qu'à cette époque, le diamant passe pour préserver
des vaines terreurs, le béryl sert à entretenir l'amour entre les époux,
le rubis donne pouvoir et domination, la sardoine rend modeste,
l'améthiste rend sobre, la topaze rend chaste. Quant à l'émeraude, elle
possède encore plus de vertus, car elle combat le mal caduc, conserve
la vue, fortifie les yeux faibles, rend la mémoire et étanche le sang.
(V. à ce sujet, Monteil. Histoire des Français des divers états, t, II
p. 307.)