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                   LES   LlVRES
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de la Bresse sont plus riches en ornements et en bijoux
qu'en meubles meublants, élégants et confortables.
   Plus loin, nous voyons toutes les dépenses que nécessite
une noce à cette époque. La liste est assez longue du menu
des épousailles de Raymonde Dupuy, fille de notre bour-
geois lyonnais, et rien n'y est oublié, par même le salaire
de 15 sols, payé au ménétrier, chargé de faire danser les
invités. Ce qui prouve aussi que le Moyen Age n'a pas été
d'une tristesse aussi absolue qu'on l'a prétendu parfois.
   Mais ce qui me frappe le plus, ce sont les révélations
qu'on y trouve sur les modes de locomotion, en usage au
XIVe siècle. L'époux habite Belleville, et toute la noce doit
y accompagner les nouveaux mariés. Depuis l'époque de la
domination romaine, une route carrossable existant entre
Lyon et Belleville, il semble tout naturel que ce trajet se fit
en voitures. Mais, à cette époque, et bien longtemps après,
on ne voyage plus qu'à cheval, les femmes aussi bien que
les membres du clergé. C'est ainsi qu'il fallut louer 49 che-
vaux pour transporter tous les gens de la noce à Belleville.
Et notez qu'on ne se presse guère. Car, le premier jour, on
va coucher à Anse seulement. C'est bien là, assurément, ce
 qui s'appelle voyager à petite journée.
    Un autre trait de mœurs, que je n'aurai garde d'ou-
blier, c'est le coût d'un pèlerinage de Lyon à Saint-Jacques
 de Compostelle.
    Humbert Dupuy, fils de notre bourgeois, part ainsi pour
la Galice, le 2 avril 1342, accompagné d'un valet et de
 cinq de ses amis. Quelles furent la cause et la durée de ce
 voyage ? Le livre de raison du père de famille nous le laisse
 ignorer. Mais c'était encore là un voyage que l'on ne faisait
 guère qu'à cheval, dans le monde de la bourgeoisie d'alors
 au moins, comme en témoignent les frais d'harnachement