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LES LlVRES 234 DE RAISON de la Bresse sont plus riches en ornements et en bijoux qu'en meubles meublants, élégants et confortables. Plus loin, nous voyons toutes les dépenses que nécessite une noce à cette époque. La liste est assez longue du menu des épousailles de Raymonde Dupuy, fille de notre bour- geois lyonnais, et rien n'y est oublié, par même le salaire de 15 sols, payé au ménétrier, chargé de faire danser les invités. Ce qui prouve aussi que le Moyen Age n'a pas été d'une tristesse aussi absolue qu'on l'a prétendu parfois. Mais ce qui me frappe le plus, ce sont les révélations qu'on y trouve sur les modes de locomotion, en usage au XIVe siècle. L'époux habite Belleville, et toute la noce doit y accompagner les nouveaux mariés. Depuis l'époque de la domination romaine, une route carrossable existant entre Lyon et Belleville, il semble tout naturel que ce trajet se fit en voitures. Mais, à cette époque, et bien longtemps après, on ne voyage plus qu'à cheval, les femmes aussi bien que les membres du clergé. C'est ainsi qu'il fallut louer 49 che- vaux pour transporter tous les gens de la noce à Belleville. Et notez qu'on ne se presse guère. Car, le premier jour, on va coucher à Anse seulement. C'est bien là , assurément, ce qui s'appelle voyager à petite journée. Un autre trait de mœurs, que je n'aurai garde d'ou- blier, c'est le coût d'un pèlerinage de Lyon à Saint-Jacques de Compostelle. Humbert Dupuy, fils de notre bourgeois, part ainsi pour la Galice, le 2 avril 1342, accompagné d'un valet et de cinq de ses amis. Quelles furent la cause et la durée de ce voyage ? Le livre de raison du père de famille nous le laisse ignorer. Mais c'était encore là un voyage que l'on ne faisait guère qu'à cheval, dans le monde de la bourgeoisie d'alors au moins, comme en témoignent les frais d'harnachement