page suivante »
232 LES LIVRES DE RAISON plus, il est écrit en langue vulgaire, ce qui en fait un monument curieux et fort rare de la langue parlée, au xive siècle, dans notre ville. (Je me bornerai à faire remar- quer, à ce sujet, que c'est absolument le même dialecte que celui des comptes des travaux de démolition, ordonnée par le roi, en 1350, des châteaux de Nervieu, en Forez, et de Peyraud, en Vivarais, que j'ai publiés les uns dans les Mémoires de la Diana (5), lesjautres dans ceux de la Société littéraire de Lyon (6). Mais, au point de vue des renseignements qu'il nous fournit sur la vie privée d'un bourgeois de Lyon à cette époque, ce document ne présente pas une moindre impor- tance. Tout mériterait d'être cité de cet intéressant opuscule. Mais comme je dois me borner, je réduirai mes observations à quelques points. Telle est d'abord la liste des abondantes aumônes que l'on avait coutume de faire alors, à l'occasion des funérailles des chefs de la famille. Ici, il s'agit de la mère du rédacteur de notre livre de raison, et les aumônes s'adressent non seulement aux Ordres mendiants, qui ont sans doute suivi le convoi funèbre, mais encore aux simples indigents de la paroisse, que le livre de raison appelle les pauvres de Jésus-Christ. A ceux-là on délivrera quarante vêtements, valant 24 livres viennoises, plus quarante chemises, ayant coûté 4 livres viennoises. Ne faut-il pas conclure naturellement de cette libéralité qu'à cette époque déjà , le linge de corps était d'un usage (5) Mémoires de la Diana, t. III, p. 183. (6) Mémoires de la Société littéraire de Lyon (années 1877 et 1878), p. 271.