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102 MARGUERITE D'AUTRICHE Le vieux roi Louis XI, qui ne perdait jamais de vue le duché de Bourgogne, voulut la marier avec son fils Charles VIII. En 1483, Marguerite, âgée de trois ans, vint à Paris ; elle fut élevée au château d'Amboise ; mais en 1488, d'autres visées politiques firent épouser Anne de Bretagne par Charles VIII. La jeune Marguerite dut reprendre le chemin de la Flandre, elle revint auprès de son père Maximilien, et son cœur éprouva longtemps un certain ressentiment de ce refus. Jean Lemaire, dans sa Couronne margaritique, rappelle à ce propos le fait suivant : « Les vins furent tous verds à la suite de grandes pluies, « Marguerite étant à table et les maîtres d'hostels se plai- « gnant de ce que le vin qu'on y servait était si verd ; elle « répondit ingénieusement qu'il ne fallait pas s'ébahir si « les vins étaient si verds cette année en France, attendu « que les serments n'avaient rien valu » (faisant ainsi allu- sion à la rupture de son mariage avec le roi.) Après son retour en Flandre, Marguerite d'Autriche épousa, en 1497, Jean de Castille, fils de Ferdinand et d'Isabelle la Catholique. A l'âge de 17 ans, elle s'embarqua à Flessinges pour l'Espagne. C'est alors qu'assaillie en mer par une horrible tempête, elle avait composé son épitaphe si connue : Cy gist Margot la gentile Damoiselle, Quha deux marys et encor est pucelle. Dans la même année son mari mourut de la fièvre à Salamanque, et sa pauvre jeune femme, éprouvée par un si grand malheur, mit au monde une fille morte.