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50 LA SAINTE ÉPINE La sainte Epine et la lettre de saint Louis étaient donc - en grande vénération dans l'église du Puy et occupaient une place à part dans l'incomparable trésor de la riche basilique. Quand, vers la fin du siècle dernier, éclata l'effroyable tempête qui ébranla le pays jusques dans ses fondements, la capitale du Velay, retranchée derrière ses montagnes comme derrière un rempart inexpugnable, ne ressentit point tout d'abord la violence de l'orage. Mais la Révolu- tion y pénétrant tout à coup, ne laissa à personne le temps de conjurer les désastres qu'elle entraînait partout à sa suite. Surpris comme par un coup de foudre, les gardiens du sanctuaire, ne purent eux-mêmes rien soustraire à la fureur de destruction et de pillage qui s'abattit sur la vieille basilique. Les misérables profanateurs de ce temple auguste entassèrent avec les objets du culte les innom- brables reliques que les siècles précédents avaient entou- rées de, leur respect et en firent un énorme bûcher destiné à devenir la proie des flammes. Ce fut au moment où allait se consommer cet acte sacrilège, qu'un prêtre habitant la ville du Puy, M. l'abbéBorie, acheta à l'un de ces forcenés, moyennant quelques pièces de monnaie ; la relique de la sainte épine et le sachet de soie dans lequel se trouvaient renfermés la lettre de saint Louis ainsi que les Vidimus qui en confirment l'authenticité. Quelles circonstances conduisirent l'abbé Borie à Saint- Etienne et le déterminèrent à y fixer son séjour ? Nous l'ignorons. Il avait pris son habitation dans la paroisse de Notre-Dame et quand celle église, choisie par les énergu- mènes de la Révolution pour temple de l'Être Suprême, fut rendue au culte catholipue, nous trouvons l'abbé Borie y exerçant durant trois ans les fonctions vicariales. Il ne