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424                           POÉSIE.
      La perle du hameau regrettant son promis.
      Surtout quand elle prend sou tablier de bure
      Pour essuyer, hélas ! ses grands yeux allanguis,
      Ses yeux si caressants, ô bonne créature ! —
                                V.
      Frappée au cœur, la veuve avec élan priait,
      A quelques jours de là, dans son lit, bien souffrante !
      Une charmante enfant, tendrement, la veillait,
      Et la lampe épanchait une lueur tremblante.
      — Mon Dieu ! vous le savez, c'est à moi de mourir,
      A moi de m'immoler, je le, sens dans mon âme,
      Et pour Jeanne, ce soir, votre ciel va s'ouvrir!...
      Merci ! vous exaucez l'humble vœu d'une femme !
      Tous les jours instamment je demandais la mort !
      Vous prenez en pitié mes angoisses de mère !
      Louis sera sauvé ! que je bénis mon sort !
      Et moi qui me plaignais de l'existence amère !...
      Allons ! vive la France !... Enfant, sèche tes pleurs !
      Sois sa petite femme et sa meilleure amie !...
      Dis que Dieu m'exauça, que pour mon fils je meurs !..,
      Adieu !... —L'enfant baisait cette mère endormie.

      Morte ! ayez pour rayon votre sublime amour !
      Que sous ce pur éclat votre front s'illumine ! —
      Mais quand de votre fils sonnera le retour,
      Lorsqu'on verra la croix d'honneur sur sa poitrine,
      Vous ne serez pas là, pour dire avec orgueil :
      — C'est un brave! il a bien combattu pour la France!—
      Non! mais en sa faveur, votre noble cercueil
      Aura, de tout son poids, pesé dans la balance;
      Le feu respectera l'invulnérable enfant !
      Malgré sa jeune ardeur et son fougueux délire,
      Contre tous les dangers votre cœur le défend :
      Vous êtes morte en mère, en Française, en martyre!
                                         Adèle   SOVCUIEII.