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      LA CAISSE D'ÉPARGNE DE LYON.




    Heureuses les nations qui n'ont que des discussions
 philosophiques et littéraires. A ce sujet on peut parler
 de la Caisse d'Epargne de Lyon.
    Se souvient-on du soulèvement général, des cris scan-
 dalisés, du toile furieux occasionnés à Lyon par l'apparition
 de deux statues colossales qui, négligemment couchées
 au-dessus de la porte d'entrée d'un monument public,
 avaient la prétention, dans leur naïve nudité, de symbo-
 liser aux yeux des passants le Travail et la Prévoyance ?
    Au nom des arts et du bon goût, une foule révoltée pro-
 testa. La nudité, disait-on, annonçait plutôt la misère que
 l'économie. Quelle est, en effet, cette vertu qui n'a pas de
 quoi se couvrir ? Pourquoi ne pas représenter la Guerre
 sous les traits d'une fillette timide, la Sagesse un pied en
 l'air dans une pose voluptueuse et Vénus filant devant un
 foyer? L'artiste doit parler au cœur et aux yeux. Une église
 doit être sévère, une salle de bal élégante et gracieuse, une
 caserne simple et austère. C'est la conscience humaine, le
 goût et la raison qui doivent en avertir. Vos deux grandes
 nudités au-dessus de la porte de la Caisse d'Epargne sont
 non pas un non-sens mais un déplorable contre-sens.
    C'est plus qu'un contre-sens, disaient les pères de fa-
mille, c'est un outrage à la morale. Vis-à-vis la porte du
collège , ce groupe est une indécence et un malheur.
L'Apollon est chaste dans sa majestueuse nudité, et ce-
pendant on l'enferme dans les musées. L'antiquité nous a
laissé les œuvres les plus pures et les plus belles, mais rien