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376 LA GRANDE-CLAIRE. « chambres et un cabinet, afin d'en faire présent à la « marquise de Monceaux, Gabrielle d'Estrées ».On ne dit pas que l'administration ait refusé d'obtempérer à ces désirs royaux, et il fallait bien qu'elle en prît l'habitude ; car'plus tard, en 1600, lorsque Henri IV vint recevoir à Lyon sa nouvelle épouse, Marie de Médicis, il exigea « l'envoi du bateau royal dans le haut Rhône, jusqu'au « lac du Bourget, pour y prendre la marquise de Ver- « neuil, Henriette d'Entragues », (Inv. des arch. p. 70, \ 2 e col.) (1) qui avait remplacé Gabrielle d'Estrées, morte archives communales, p. 88 : « Permission donnée au sieur Barthé- « lemy de Bergame de venir habiter Lyon pour y établir sa tnanufac- « ture de tapisseries qui se font à Bergame. » (1) La marquise de Verneuil, Henriette d'Entragues, était fille de Marie Touchet, maîtresse de Charles IX, laquelle mariée au seigneur d'Entragues, en avait eu plusieurs enfants. Ce fut en 1600, année du mariage d'Henri IV avec Marie de Médicis, qu'il devint amoureux de la belle Henriette. Le pouvoirtle eette illustre déboutée,laquelle avait reçu de son royal amant le marquisat de Verneuil, près de Sentis, était excessif. Pour en donner une idée, je citerai le fait suivant : En 1608, les chanoines de Metz élurent pour leur évoque le fils naturel du roi et de la susdite, Henri de Verneuil, lequel était encore un enfant. Ce bâtard princier ne fut pas ordonné prêtre, ne vint jamais dans son diocèse, et n'obtint de Rome que des bulles conditionnelles, ce qui ne l'empêcha pas de prolonger son administration nominativement jus- qu'en 1652, époque à laquelle il abdiqua en faveur du cardinal Mazarin qui ne put obtenir l'autorisation du pape Alexandre VII. Louis XIV, dans une lettre datée du 13 juin 1652, adressée au Cha- pitre de Metz, ne craint pas d'appeler Henri de Verneuil son oncle na- turel ; on voit que le grand roi ainsi que les chanoines n'obéissaient pas à de mesquins préjugés. Je ne saurais dire quelles sont nos idées contemporaines au sujet de la bâtardise princière ; mais cependant je ne crois pas que nous puissions arriver à ce degré d'indifférence mo- rale et religieuse. Prendre pour évêque un-enfant bâtard, qui ne fut jamais ordonné prêtre, et qui, pendant plus de quarante ans, adminis- tre nominativement son diocèse, me semble une énormité ! Il y aurait