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312               ÉTUDE SUR LE PATOIS LÃO.MNAIS.

         Chôcun dou daï montrove la Suzanna ;
         Le n'in troblit (1), par comblo demôlheur.

        Vos aide vu codre par le charrire (2),
        Dechavelô(3) et los is picarlous (4),
        Ina mandrilli (5) accoutrô de paillire (6)
        V'est la Suzon que court ou rendez-vous.

        Filli qu'où boï laisse abadô sa chura,
        Det pindre gorda, o y a de loups garous;
        Se méfiô dou saï, de la fraïchura,
        Et se garô d'où chant dous rossignous.

   Je vais compléter cette étude par quelques extraits d'un
véritable poète du crû, M. J . - B . Gutton, auteur anonyme
de plusieurs petites pièces de vers remarquables et éditeur
pseudonyme d'un dithyrambe, qui a obtenu l'honneur
d'une mention dans le Dictionnaire des patois de M. Ono-
frio ; elle est intitulée Eymna à la Concorda, et fut com-
posée pour cimenter l'union de deux Sociétés lyriques dont
larivalité avait quelque peu passionné le pays. Le poète,
après avoir énuméré las tristes fruits de la noire Discorde,
chante avec entrain les bienfaits que répand dans les cœurs
la Concorde.
        Corajo, mos amis, que toujor la raison,
        L'amitié, lo bon sins seïant lo diapason

   (1) Troblit, troubler, perdre l'esprit.
   (2) Charriri, chemin à char, charolesse.
   (3) Dechavelb, toute échevelée.
  (4) Picarlous, piquerla, chassie qui s'attache aux cils (en celte, piq);
d'où piquants ou poils de porc-épic.
   (5) Mandrilli (italien mandriale, mandrino, pâtre, grossier, mal mis),
fantôme, mannequin ; épouvantait pour les oiseaux.
  (6) Paillire, morceaux de toile effilée, que l'on met devant le front des
bœufs pour les défendre des mouches.