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ÉTUDE SOR LE PATOIS LYONNAIS. 305 culés dans leurs arides montagnes, s'en allaient de grange en grange, égayant de leurs récits légendaires les longues veillées du hameau. La, pendant que les femmes tourmen- taient leur quenouille, que les hommes teillaient le chan- vre ou cassaient des noix pour envoyer sous le pressoir à huile, le porteur de balle, conteur attitré de la chambrée, vieux d-ébris de quelque bande de routiers, narrait à ses auditeurs attentifs, la vieille histoire des quatre fils Ay- mon, Huon de Bordeaux, Pierre de Provence et la belle Bragelonne, Rolland et sa Durandal ; ou bien les dits et gestes de ces Troppmann du moyen-âge, Monseigneur l'Ogre, ou le féroce Chevalier à la barbe bleue. Après lui, un paysan narquois essayait de capter à son tour l'atten- tion, en racontant le mythe de la misère et de la faim, aux prises avec l'humanité, la lutte éternelle de la ruse et de la force, figurée par les fourberies du chat botté et de la princesse Finette ou le bonhomme Misère arrêtant la mort sur son poirier. Puis, pour couper court à ces tristes légen- des d'un passé lugubre, une paysanne déjà sur le retour, mais eu qui s'est conservé le don de charmer l'auditoire par des réminiscences de sa jeunesse, entonne d'une voix chevrotante la vieille et toujours jeune complainte de l'en fant prodigue, l'histoire pleine de larmes de Joseph, ex- piant les préférences paternelles par la jalousie de ses frères; la légende si populaire du Juif-Errant, ou l'un de ces chants naïfs et pleins de suave mélancolie avec lesquels fut bercée Aoutromen el, crcat poëto plé de foc (t) N'aourio pas dedegnat la noblo lengo d'Oc ; Aourio bist (2) soun caquet fourmillai! d'harmounio, L'aourio bistopertout coumblo de poësio, Et nous aourio moustrat dan soun saben pincel (3), Qu'es dinno de parla de la terra et del eicl. DEEAB. (I) Foc, fuoceo, le feu. (S) Aourio lmt, il aufait vu. (3) Son sayant pinceau.