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 302                        AUTOUR DE LYON.

  seconde; il puisa celte dernière dans la. Description du pays des
  Se'gusiaves, d'A. Bernard, qu'il avait emportée en guise de bré-
  viaire archéologique ; je vous la transmets : « Au sortir de la
  vallée du Garon, l'aqueduc arrivait sur la commune de Chaponost,
  qu'il traversait du midi au nord sir.' deux substructions et sur
  trois ponts... l'aqueduc parvenait ainsi à un pont qui précède le
  ruisseau de l'Iséron... Ce pont est un des plus beaiix ouvrages
  de tout l'aqueduc » (1).
     — Gloire à Capuf pontis! ra'écriai-je, après celle double lec-
  ture. Pictet, Zeuss, Legonîdek et consorts ont trop de cordes
 à leur arc pour vous disputer celle-ci, l'honneur du vôtre.
     Je vous demande si mon latiniste se montra satisfait ! Dans
 l'exaltation de sa victoire, il allait jusqu'à prétendre qu'il n'était
 besoin que du latin pour expliquer la généralité, des mets de la
 langue et de la topographie françaises ; il ne faisait d'exception
 qu'en faveur du grec, eu égard à "abondance des termes de
 technologie scientifique. Les langues du Nord trouvaient aussi
 grâce devant' lui pour un certain nombre d'expressions et
 d'idiotismes ; quant au celtique, son compte n'était ni long ni
 difficile à régler, il le réduisait à zéro.
    Comme le fanatique s'enivrait de son triomphe, une fouie
 d'objections me passaient par la tête; je m'abstins d'en produire
 une seule, craignant d'éveiller sa susceptibilité, toujours prête à
 se cabrer au nom seul des Gaulois, sa bête noire. La prudence,
 son amitié comme sa société m'étant précieuse, commandait bien
ce quart d'heure de trêve.
    Pourtant, afin de soulager ma conscience oppressée, je resti-
tuais mentalement Chaponost et Chapon, faisant de l'un Keben-
nosca, de l'autre Keben, par réminiscence des Kebennœ, Cemenœ,
les Cevennes de France, du Ciminus de l'Italie centrale, etc.
    Mais, tandis que nous dissertions à perte de vue sur Chapo-
nost, son aquedueet son étymologie, le soleil abandonnait la plaine
des cieux. Descendu jusqu'aux bords de l'horizon, son disque


  (1) Detvript. du pays des Ségusiav., p. '121.