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AUTOUR DE LYON. 299 vailée avec cours d'eau ou fontaine, resté au cymrique : de jolies fontaines sourdent le loog des collines de Baunant, celle des Rases ou Rases entre autres. — Vous êtes deux fois celtique où je me reprochais de l'être une; j'avais rêvé : latin ôeM-us, beau, et votre cymrique nant, latinisé nantus, « beau-vallon, belle fontaine ». — C'est aussi le sentiment de notre auteur (1), et vous pouves avoir raison l'un et l'autre. Songez néanmoins que les hybrides, en etyniologie celtique, sont presque aussi rares que, dans notre espèce, les hermaphrodites. Tout en m'écoutant, mon associé, les yeux tour à tour fixés sur votre livre et sur le paysage, m'entraînait « par un chemin vicinal très-peu fréquenté, et où l'herbe pousse librement» (2). — Voilà , s'écria-t-il tout à coup, le vallon des : — Bases ! Voyez comme la description est fidèle à la nature et l'aspect explicatif du nom ! Et il me lutI(ce qui suit : « Tout à côté, une autre source jaillit sans bruit par deux orifices que cachent les herbes de la prairie... Après avoir coulé dans de petites rigoles, toutes ces eaux forment, par leur réunion, un ruisseau vagabond, qui paraît, disparaît, puis reparaît au milieu des prés et des buissons, comme un écolier qui joue à cache-cache » (3). — N'est-ce pas, reprit mon ami, après sa lecture, de ce multiple écoulement de rigoles que ce vallon « d'une demi-heure » a tiré sa dénomination des Rases ? — Oui, certes. Mais rendez à notre guide ce qui appartient à notre guide, car il le comprend ainsi (4). Â ces mois, la figure de mon digne compagnon de route prit un air de jubilation. Bientôt je ne sais quel nuage vint répandre (1) Autour de Lyon, p. 191. (2) Id., p. 201. (3) Id-, ibid. (4) Id., p. 200. — Rase ou Raze, rigole, a ses corrélatifs indo-européens dans le sansc. rasai, fluide, lat. ros, fr. ar-roïer, etc.