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AUTOUR DE LYON. 291 — Pierre-Bénitel S'il n'y a pas là quelque anguille, c'est-à - dire quelque dicton cei tique sous roche, je veux qu'un loup rae croque à belles dents ! — Vous riez, consultons d'abord notre guide : « Une vieille légende se rattache à des têtes de rochers bordant le rivage de la lône, dont la hauteur ne dépasse guère quatre à cinq pieds. De cette légende dérive le nom de Pierre-Bénite, donné à la localité. « Autrefois le grand Rhône coulait au pied de ces rochers, là où de nos jours il n'y a plus qu'une lône tranquille. La navigation y était perfide, les eaux venaient se briser en écuraant sur cette grève redoutée et fertile en naufrages. Un saint ermite, habitant de ce lieu, alors désert, essaya de conjurer ces sinistres ; il creusa un trou dans le rocher le plus dangereux, le remplit d'eau qu'il bénissait chaque matin, et mit le tout sous la protection d'une petite croix de bois. — t>e là le nom de Pierre-Bénite. « Depuis lors les mariniers ne manquaient pas de descendre de leurs équipages pour se prosterner devant le rocher, et se signer après avoir trempé leurs doigts dans le trou consacré ; puis ils continaient leur voyage sous de favorables auspices > (1).. • Eh bien ! Monsieur, de cette légende je tire ces trois conclu- sions : 1° un péage placé sous le patronage d'usé divinité des eaux ou des frontières, mais entaché de coutumes barbares, existait à ces rochers qui fixaient une limite de peuples du de tribus, non loin d'un confluent; 2° ce péage se continua, affublé d'un vocable olympien, sous les Romains, peuple éminemment fiscal, et sous les Mérovingiens, leurs successeurs ; 3" la légende de l'ermite et du solitaire sanctifiant le rocher en question se répète partout où des confluents, des détroits, des défilés, des limites, avaient donné lieu à des exigences pareilles ; de là le nom de Pierre-Bénite porté en France par des dolmens, des menhirs, des cromlechs et autres monuments de cette espèce. Reprenons nos propositions. (1) Autour de Lyon, p. 178.