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LES BEAUX-AUTS A LYON. 275 M. Charles Blanc, l'éminent critique moderne, a écrit ces lignes : « L'aisance, le naturel et la grâce de l'école fran- çaise y sont mêlés à la science académique des Bolonais et heureusement la corrigent. Le dessin est ferme, les raccourcis en sont justes et si peu cherchés qu'on s'en aperçoit à peine. Eien de tourmenté dans les mouvements, rien de forcé dans les gestes. Cela est bien supérieur à tous les plafonds de Mignard et moins lourd que les pla- fonds de Lebrun. Le ton des chairs rappelle La Hire. Les draperies sont d'un beau choix et moins chargées de plis que celles du Poussin ; les couleurs en sont habilement rompues et harmonisées par quelque fine transition par- tout où elles sont vives. Quoique ce grand morceau soit peint à l'huile sur toile marouffée, il a encore tout le blond, toute la transparence d'une fresque; l'éclat en est tempéré et la perspective aérienne le creuse et l'agrandit; les figures des plans éloignés s'effacent dans une vaguesse qui fait penser à Lesueur ; çà et là ressortent quelques têtes charmantes, morbides et toutes françaises (1). » On a rendu trop tardivement justice à Blanchet pour que nous ne nous fassions pas un devoir de transcrire tous les témoignag*es d'admiration qu'il a reçus. Et après avoir vu l'Hôtel-de-Ville, après avoir contemplé la Nativité de Jé- sus-Christ, ce tableau ingénieux de composition et char- mant de coloris, qui est dans l'église Saint-Polycarpe (2), (1) Histoire des peintres — appendice, p. 15. (2) Nous faisons des vœux pour que cette toile soit transportée au musée lyonnais, où sa place est marquée. La Vierge assise en plein air tient le nouveau-né sur ses genoux, et les bergers se pressent pour voir et adorer Jésus, formant un groupe qui se masse à droite ; l'action est bien concentrée. Dans la partie supérieure sont des anges dont la couleur et le dessin sont très-bons. Quelques draperies manquent de simplicité ; le linge blanc posé sur les genoux de la sainte Vierge a un