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                           BIBLIOGBAPHIE.                             267
vers un peu durs, quelques enjambements trop contempo-
rains pour être de la belle époque, et, de ci de là, quelques
fléchissements légers d'une inspiration généreuse auxquels
d'autres diront leur fait. Ce qui peut se dire des moindres
pièces, c'est qu'elles ne sont pas les meilleures. Celles-là
seules leur font tort. Une d'entre ces dernières, pour
finir, et je renvoie le lecteur au livre des Stoïques, persuadé
qu'il j trouvera davantage que ce que je lui promets ici de
plaisir et d'attrait.
          Sur le ciel gris rosé l'extrémité des branches
        Se déeoupe légère et frissonnante au vent ;
        L'heure est chaude, le soir s'ouvre aux visions blanches,
        Et par les prés fauchés elles s'en vont rêvant.

          Elles s'en vont rêvant de leurs sœurs les chimères
        Qui portaient dans leur robe un songe à chaque pli,
        Espoir, rayons perdus, décevances amères
        Souvenirs lumineux émergeant de l'oubli.

          Et les souffles subtils pleins d'odorante flamme,
        Qui font pâmer les fleurs sur le foin renversé,
        Savent encor remplir de vertiges mon âme,
        Lyre toujours vibrante au contact du passé.

          Dans la nuit palpitaient des ailes de pensées ;
        Comme si mille oiseaux, se croisant sur mon front,
        Avaient chanté pour moi leurs hymnes cadencées,
        Avant de s'envoler au ciel clair et profond.

           — Pourquoi rire? les pleurs sont si près de la joie.
        Dans l'ombre douloureuse où le sort l'a jeté,
        Il n'est espoir si cher que mon cœur ne renvoie ,
        11 n'est amour si pur dont mon cœur n'ait douté.

           — Pourquoi pleurer? la joie est si proche des larmes.
        Toute ombre dans son sein porte l'espoir du jour.
        Il n'est malheur si rude où ne soient quelques charmes,
        Il n'est bonheur si doux qu'on ne doive à l'amour.

          — Pourquoi chercher en vain un paix éphémère ?
        Ouvrir trop tôt son cœur ou trop tôt le fermer ?
        Voici la vision, l'idéal, la chimère !
        Rire, pleurer, chanter et toujours plus aimer?

           Sur le ciel assombri l'extrémité des branches
        Se découpe plus lourde et frissonnante au vent;
        Le soir n'a point de lune ; adieu, visions blanches,
        Et par les prés fauchés je m'en reviens rêvant.

                                                 RAOUL DE CAZENOVK.