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LE BOUQUET FATAL. 247 Puis l'offrant à M. de Larnac. — À vos ordres, monsieur, fit-il. — Ce soir, à quatre heures, mes témoins seront chez vous, reprit Florimond. — Ils seront reçus par les miens, répondit Remy. Les deux jeunes gens, redevenus plus graves, prirent le bras des deux femmes et franchirent la grille du cimetière au milieu d'un cercle de curieux que commençait à attirer cette scène vio- lente, mais rapide. Une calèche de remise à deux chevaux attendait au dehors. Quand les deux couples y furent installés, Florimond de Larnac tirant sa montre, dit : nous n'avons plus le temps d'aller à Ville- d'Avray. Bornons-nous à déjeuner chez Bignon. Les deux chevaux partirent au grand trot. Remy les regarda un instant brûler le pavé, et, poussant un profond soupir, il re- prit d'un pas rapide le chemin du Luxembourg. X A onze heures de la même journée, Remy sortait de l'hospice de la Charité, où il avait, avec les apparences du calme le plus complet, rempli un service important qui lui était alors confié. Sauf dans le regard certains éclairs d'inquiétude et dans la main quelque agilation fébrile, ses camarades n'eussent rien trouvé de changé à ses allures habituelles. Dieu sait cependant les ora- ges qui grondaient dans son cœur. Avec les rapides intuitions d'une âme surexcitée, il embrassait d'un coup d'œil toute la série des conséquences que cette aven- ture entraînait avee elle. Une lutte sanglante et qui, de sang froid, lui répugnait, une mort possible ; le deuil et l'abandon de deux êtres chers et sa- crés, sa mère et celle de Solange. Mais de toute l'énergie d'une âme virilement trempée, il dominait ces cruelles visions. Il se sentait non pas cette bravoure physique qui est un don gratuit de la nature et qui communique sans efforts, à certains