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ÉTUDE SUR LES TABLES CL.AUD1ENISES. 215 La latinité des tables n'est pas indigne du siècle ou vivait Claude. Elle est sans doute inférieure à celle de Cicéron, de Tite-Live, de Tacite; mais elle a des mérites qui lui sont propres. Quelquefois diffuse, elle rachète ce défaut par des expressions qu'on admirerait dans un écri- vain de premier rang. Il y a de la majesté dans cette phrase : Deprecor ne, quasi novam, istam rem introduci exhorrescatis; sedillapotiuscogitetis, quammultainhac civitate novata sint et quidem statim ab origine urbis nos- strœ. Celle-ci : Quondam reges liane tenuere urbem, nec tamen domesticis successoribus eam tradere contigit, n'est-elle pas d'une construction irréprochable ? Ce pas- sage, dans lequel Claude montre en perspective l'étonnante grandeur de la domination romaine : Jam si narrem bella a quibus cœperint majores nostri et quo processerimus, vereor ne nimio insolentior esse videar et quœsisse jac- tationem gloriœ prolati imperii ultra Oceanum; ce pas- sage n'a-t-il par l'ampleur et l'élévation convenable à la chose qu'il annonce ? Peut-on rendre plus clairement, plus fortement, en termes plus corrects, cette exclamation dic- tée par un sentiment de prudence ? Tempus est jam, Ti. Cœsar Oermanice, detegere te patribus conscriptis quo tendat oratio tua ; jam enim ad emtremos fines Oalliœ Narbonensis venisti. Et cette expression : centum anno- rum immobilem fidem, une foi immobile de cent années, est-elle dépourvue d'élévation, de sublimité même? Nous pourrions ajouter quelques autres citations ; celles qui précèdent nous paraissent suffire à notre but, et nous avons hâte d'arriver aux considérations morales. Ce qui distingue le discours de Claude, c'est une intel- ligence de la politique de Rome et des causes de son agrandissement dans le monde. Il sait que l'unité seule peut conserver l'empire, œuvre laborieuse des siècles.