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190 POÉSIE. Point de peur, point de fuite ! ah ! plutôt, de nos âmes Qu'en généreux élans éclatent mille flammes Sur nos ennemis terrassés ! Laisseriez-vous, enfants, combattre la vieillesse ? Sera-ce au vétéran qu'engourdit sa faiblesse A présenter son flanc pour le jeune guerrier ? Verrons-cous le soldat, à la barbe blanchie, Traîner, aux premiers rangs, une pique fléchie, Et suer sous le poids d'un large bouclier? Le verrons-nous tomber, sanglant, sur la poussière Et puis, tendre ses mains (protection dernière!) Sur ce qu'il faut cacher à d'importuns regards. Verrons-nous ce spectacle impie et lamentable D'un homme révéré devenu misérable Pour avoir du combat méprisé les hasards. Non, non, jeune guerrier, vole où sont les alarmes : Ton bras est plein de sève, allons, saisis tes armes ; L'homme admire ton cœur ; la femme, ta beauté : Viens, c'est l'heure où la mort demande qu'on la raille ; C'est ici qu'un héros s'impose à la bataille, Ou c'est ici qu'il meurt pour l'immortalité. FAUSTUS. NOTA. — Ce chant fait partie d'une traduction en vers, sous presse, des odes d'Anacréon, des poésies de Sapho, Bion, Moschus, et d'un choix de poèmes légers empruntés à l'Antologie grecque. Le malheur des temps donne aux accents de Tyrtée une mâle actualité.