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LE BODQOET FATAL. 435 der le génie d'un homme, et une parole d'elle avait ce charme secret qui fait éclore les belles et grandes choses. Le printemps s'acheva dans les délicieuses péripéties de ce roman intime. Les causeries, la lecture, la musique, les récits du passé, les joies du présent, l'oubli de l'avenir, et de longues promenades à pas lents sous les ombrages du Luxembourg, tel fut le bilan de ces beaux jours pour cet intéressant trio. Disons aussi, pour ne rien omettre, que les fleurs jouaient un grand rôle dans ce programme de simples jouissances. Solange les aimait avec une étrange passion et mettait à s'en entourer une profusion enfantine. Les tables, Ses guéridons, les étagères, les fenêtres en étaient encombrés, et les roses surtout avaient pour la jeune fille un attrait irrésistible. Attentif à lui être agréa- ble, Remy passait souvent au marché aux fleurs et y choisissait un volumineux bouquet des roses .les qlus fraîches et les plus odorantes pour les offrir à ses voisines. C'était un présent peu dispendieux pour sa bourse d'étudiant, et l'extrême plaisir qu'il causait à celles qui le recevaient le dédommageait au centuple. Juillet commençait. Il fallait à Solange une saison thermale pour achever sa guérison, et les eaux d'Eoghien parurent à Remy très-propices pour le but qu'il poursuivait, en même qu'elles n'éloignaient point trop de lui celle qui avait pris tant de place dans sa vie. On loua dans cette jolie résidence un petit chalet sur le bord des lies pour y passer le temps nécessaire. C'était une séparation cruelle au cœur de Remy, mais dicté par les lois inexorables de la thérapeutique, et il dut s'y résigner. 11 pensait profiter de ce temps d'exil pour subir les épreuves de sa thèse de doctorat. VII C'est un paradis terrestre que le village d'Enghien-les-Bains, et il est peu d'aussi douces villégiatures que celle qu'on y fait. Son beau lac, mollement couché dans un repli de la superbe vallée, cette fourmilière de coquettes villas qui lui sert de cein-