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142                 NOTICE SUR TRÊVES.

il s'y opère peu à peu une heureuse transformation.
   Au village, c'est l'âge qui détermine les relations. Les
préoccupations de l'esprit et du cœur sont aussi en rap-
port avec l'âge, mais d'une manière plus tranchée qu'à
la ville. Le fantôme du respect humain, ce tyran des
consciences, exerce à la campagne, où toutes nos actions
sont connues, aperçues comme dans une maison de verre,
discutées et jugées, un pouvoir plus absolu qu'à la ville,
ou il est si facile de se perdre dans la foule.
   Chez le sexe, la mode changeante et la vanité artificielle
de la ville ne sont pas inconnues ; mais la décence est
sévèrement respectée.
   Aux champs, c'est toujours à recommencer, à con-
server, à perfectionner l'œuvre du christianisme ; mais
tout n'y est pas réuni, comme à la ville, pour réveiller
cette fourmillière de passions qui sont au cœur de
l'homme. !On pense, on admire, on se sent libre en un
mot. Si Voltaire eût passé sa vie entière dans la solitude
de la campagne, il fût devenu sans doute un grand ser-
viteur de Dieu , car on y sent sa main paternelle ; elle
s'y montre à la fois visible et mystérieuse sous le voile
transparent de la nature.
   Les habitants des deux sexes sont en général robustes
et vigoureux. Ils se font un devoir d'honorer le premier
des arts , l'agriculture ; l'hospitalité, la première des
vertus primordiales ; le travail et la liberté, la première
 des lois naturelles.
   L'oisiveté est un de nos plus anciens vices. La nature
a fait l'homme enclin à la paresse. Cependant Job a dit :
L'homme est fait pour le travail comme l'oiseau pour
voler. Voler, c'est la vocation de l'oiseau, travailler
est le châtiment de l'homme, ennobli par le christia-
nisme.