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90 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. aux désirs de Blancon et lui présenta ses deux fugitives. Berthe et Philomène, d'abord intimidées, furent heu- reuses d'apprendre la tournure des événements. Elles di- rent qu'elles n'avaient point de nouvelles de Marianne depuis qu'elle s'était réfugiée auprès de Louise Labbé, et, cédant aux sollicitations, aux prières du jeune capi- taine, consentirent à se rendre auprès du baron et à lui donner les soins de filles tendres et dévouées. Pendant que Blancon, tout à son chef et ami, se ren- dait chez le riche cordier, avide de savoir où étaient Louise et Marianne •, pendant que son cœur ému le pré- cipitait vers les vastes jardins que bornaient les prairies de Bellecour , Clémence, Berthe et Philomène se rendi- rent auprès du malade et, sous la direction du vieux chanoine de Varennes s'installèrent, zélées et attentives, à son chevet. Beaumont n'avait pas encore repris connaissance. Un groupe d'officiers l'entourait. Dès qu'ils eurent vu à quelles douces mains il était désormais confié, ils se re- tirèrent sans bruit, les nouvelles qu'on venait de rece- voir du dehors attirant aussi leur attention et sollicitant leur vigilance. La lune s'était levée dans tout l'éclat de sa pure et douce magnificence ; du haut de la voûte bleue, elle je- tait sur la ville des rayons d'argent qui resplendissaient presque à l'égal de ; feux du jour. Leur limpide lumière, pénétrant à travers les vitres d'un hôtel, éclaira bientôt trois jeunes filles admirablement groupées au pied d'un lit qu'elles couvraient de leurs regards. On eût dit trois anges veillant auprès de la couche d'un mourant ; on eût dit que de chaque phalange du ciel s'était détaché