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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 89
' — j'ai été blessé, je crois.
— Ne parlez pas.
— J'ai soif et j'ai la langue épaisse. J'ai dû être ru-
dement touché.
— Vous serez sur pieds demain.
— Suis-je ici chez des réformés ?
— Pourquoi cette demande ? Craignez-vous de n'être
pas bien traité?
— Non, certes ! je n'ai peur de rien. Mais, je le
vois, vous n'êtes pas de la Religion.
— Je suis chrétien, comme vous.
— Papiste?
— Catholique.
— Vous êtes gentilhomme ?
— Je le suis.
— Avez-vous servi ?
— Les princes de la terre, non 5 celui du ciel, oui.
— Vous êtes prêtre ?
— Pour vous aimer et vous servir, général ;
— J'en ai tué, moi, des prêtres.
— Ils vous ont pardonné, soyez en sûr.
— Peut-être.
— Vous êtes faible, reposez-vous.
— J'en ai tué, beaucoup.
— Voici à boire, et vous dormirez.
— Je dormirai ! Je ne dors plus.
— Vous n'avez besoin que de repos. Je suis là , ne
craignez rien. Vous causerez à votre réveil.
— Vous êtes prêlre, papiste; moi, je suis huguenot.
Je suis malade, mais je n'ai peur de rien. Comment vous
appelez-vous ?