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               LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN                 447

Rome, après laquelle je soupire depuis 24 ans, et qui, à ce
qu'il me semble, me ferait moralement beaucoup de bien.
J'en ai parlé imprudemment devant les enfants, et Auguste
surtout s'en fait une fête, et si quelque chose nous force à
remettre à une autre année, il y aura certainement du cha-
grin. Pour ma part, je sens que j'ai déjà trop attendu, et
que si j'avais pu me donner ce bonheur il y a quelques
années, il eût sans doute ajouté quelque force de plus à mes
travaux de Saint-Germain-des-Prés ! Enfin nous y pensons,
nous le désirons, et cependant nous savons que mille
choses peuvent s'y opposer. Quant à vous, bons amis, il ne
faudrait pas renoncer à venir ici. Vous y trouveriez certai-
nement de bonnes jouissances, des distractions, un repos
utile, et si l'offre de notre logis dans la rue de l'Abbaye peut
vous plaire et vous y aider, vous pouvez dès à présent la
considérer comme vôtre, et nous serions très contents que
vous vouliez bien l'accepter.
   Quel plaisir j'aurais eu pourtant à voir avec vous le
musée Campana, cette source nouvelle de documents pour
l'étude de l'art depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos
jours. Cette collection d'un caractère unique devrait être
précieusement conservée, distincte de nos autres richesses,
mais malheureusement l'administration des musées fait
d'immenses efforts pour l'absorber et en grossir le Louvre
(qu'on ne devrait enrichir que par quelques chefs-d'Å“uvre
lorsqu'on les trouve, et en élaguant les choses qui sont d'un
mérite très inférieur). L'empereur a entendu tout ce qu'on
peut dire pour défendre cette opinion, mais peut-être
cèdera-t-il parce qu'on manque de locaux pour caser ces
richesses et d'argent pour en créer.
  Ces jours-ci, mon ami, je vais rentrer à Saint-Germain.
Je ne suis pas délivré des portraits, mais on me laisse un