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134               CAUSERIE D'UN BIBLIOPHILE

   Tout autre est la physionomie de M. Cathabard, (3) qui
à force de persévérance était arrivé à se créer une place fort
honorable dans le commerce de la librairie ancienne.
   Né en 1810, de parents peu fortunés, il ne reçut qu'une
instruction fort sommaire, qu'il devait compléter plus tard,
pendant les instants de loisir que lui laissait un dur labeur.
Cathabard, à qui ses parents avaient fait apprendre l'état de
cordonnier., n'était qu'un simple ouvrier, quand par son
travail et son intelligence il obtint la place de contre-
maître d'une importante maison de chaussures.
   Mais le goût des livres qui l'avait toujours obsédé, lui fit
abandonner cette carrière, et en 1846, il s'établit en librairie.
   Les débuts furent pénibles, et les petites économies
promptement englouties. Mais à cette époque, les livres
anciens abondaient à Lyon ; c'est ce qui facilita la réussite
de M. Cathabard. Pendant près de quarante ans, le petit
magasin du quai de l'Hôpital, richement pourvu de beaux
livres, fut visité par tous les bibliophiles de Lyon.
   M. Cathabard, laborieux et actif, voyageait beaucoup et
faisait de fréquentes stations à Paris, pour assister aux
 ventes. Nous avons sous les yeux les catalogues Chaponay
 (1863), Desq (1S66), Yemeniz (1867), avecles prix d'adju-
 dication et les noms des acquéreurs; un grand nombre
 des plus beaux livres était acheté par M. Cathabard. Il ne
 craignait pas de payer de bons prix ; agissant en amateur,
 plutôt qu'en marchand. Aussi, il ne fallait pas s'attendre
 à faire chez lui des trouvailles, comme sur la planche à
 Perdreau !


  (3) Le portrait de M. Cathabard qui se trouve en tête de cet article
a été gravé par M. Vaschald, d'après un buste en terre cuite exécuté
par M. Cathabard fils.