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448 LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN peu plus tranquille, et j'en profite pour retourner à ce qui devrait m'occuper tout entier et qui, entre nous, me fati- guerait bien moins. Vous avez appris sans doute la nomination de M. Ingres au rang de sénateur. C'est un hommage que lui rend enfin le' pouvoir et dont je sais bon gré à l'empereur à qui en appar- tient l'initiative. — M. Ingres allant remercier le ministre d'Etat, M. Walewski, le ministre lui répondit : « J'ap- plaudis de tout mon cœur à votre nomination, mais c'est l'empereur, et de son propre mouvement, qui vous a nommé et récompensé par cette dignité. » La chose, du reste, a été annoncée chez M. Ingres par une lettre char- mante de l'impératrice à Mme Ingres, qui a voulu être ainsi la première à l'en féliciter, et dans des termes très dignes et très aimables. En général on a applaudi à cette justice rendue au chef de l'Ecole française. Mais il y a quelques chiens enragés de la meute de Delacroix qui s'en vengent en ce moment par des torrents d'injures, et si le pauvre maître pouvait connaître tant de haine et son infâme expres- sion, il en serait bien triste. Nous, mon cher ami, nous avons cru que cette occasion demandait que nous lui témoignions tout ce que ses leçons et ses exemples ont mis dans nos cœurs de reconnaissance et d'admiration. Nous avons réuni chez moi une quaran- taine de ses anciens élèves et de ses pensionnaires à Rome, et nous lui avons voté une adresse et une médaille d'or, por- tant son portrait, et au revers, cette légende : A Jean-Auguste- Dominique Ingres, peintre d'histoire et sénateur, ses élèves et ses admirateurs, 1862. — Puis nous avons remis cette adresse à l'école des Beaux-Arts, et tous ceux qui ont pu ou voulu sont venus souscrire et signer. Vous ne me désapprouverez pas, j'en suis sûr : connaissant votre cœur j'ai signé pour