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LAURENT MEILLET DE MONTESSUY 313 Le naturel brave, le caractère réfléchi et le sens droit de ce soldat qui savait lire, chose rare alors, firent remarquer Laurent, et le vicomte de Tavanes l'attacha à sa personne. Puis le fils du vicomte, un enfant de quatre ans, Henri de Saulx, se prit bientôt d'une vive amitié pour Meillet. Quand ils se donnent, les enfants se trompent rarement, ils ont une intuition qui leur fait tendre les bras et donner leurs caresses à qui les mérite. Le jeune Henri ne voulut plus quitter ce grand ami à la physionomie ouverte et franche qui, avec son parler un peu lent, lui contait de si belles histoires et répondait toujours à ses questions de manière à satisfaire sa logique enfantine, logique implacable et absolue s'il en fut. La mère de l'enfant s'occupait avec le plus grand soin de son éducation, elle comprit bientôt quel homme de valeur était ce professeur improvisé, et elle le fit nommer gou- verneur militaire du jeune Henri, déjà marquis de Miribel. C'est avec un charme tout particulier que Laurent raconte cet enchaînement de circonstances (11) : « En l'an 1599, je me misa lasuitte de monseigneur le viscomte de Tavanes, il avait monsieur le marquis de Miribel, son fils aîné du second lit (12). Ce jeune seigneur estait pour lors âgé de trois à quatre ans, et madame sa mère, fille de ceste illustre prin- cesse Henrie de Savoye, duchesse de Mayenne, le chérissait excessivement : mais néantmoins conformément à la volonté de mondit seigneur son espoux, elle désirait qu'il fut institué en telle sorte, qu'à l'imitation de ses ancestres, il ne respirast que la vertu et n'aspirast qu'à la gloire. Pour donc commencer à lui former les principes nécessaires à (11) Ed. 1618, page 421. (12) Jean de Saulx avait épousé, en premières noces, le 14 jan- vier 1579, Catherine Chabot, fille du marquis de Mirebeau.