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LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN 445 domaine. N'est-ce pas le dessin qui exprime tout ce qu'il y a de noble dans l'art! Je me trompe peut-être, mais j'ai bien peur que la photographie ne lui ait porté un coup mor- tel; car beaucoup de gens s'en servent et avec un peu d'in- dustrie font des choses qu'ils n'auraient pas faites. Mais ce dessin, cet esprit de vie que nous admirons dans les maîtres et qui ne peut sortir que de la pratique et de l'observation constante de la nature, comment le trouver ? Vous avez entendu parler des Vénus de Cabanel et de Baudry. Ce sont des œuvres remarquables par des qualités différentes. Seulement pourquoi des hommes qui ont déjà tant de talent ne se mettent-ils pas sous la protection des anciens ? Ils auraient plus de force pour fuir la recherche des mille délicatesses et des fades senteurs qui donnent le succès, mais qui peut-être ne le retiendront pas long- temps! (10) Le portrait de l'empereur a été mis à la place d'honneur, dans un horrible salon sans lumière, où il est devenu noir comme un crêpe. Le succès cependant est, dit-on, très grand, surtout chez les artistes et même les artistes des dif- férents camps. Les Lyonnais prennent à cette exposition une certaine notoriété. Dumas a une grande et belle figure de Christ en croix ( i i ) . Paul a deux portraits et un paysage, mais mal placés. Janmot a un grand tableau et un portrait de sa femme entourée d'enfants. Appian, Allemand,Baudit, ont de bons paysages que vous connaissez peut-être déjà . Je regrette que Servan ait renoncé à nous envoyer ses ouvrages, car il a un caractère bien à lui. (10) Comme c'est juste ! Le temps a-t-il assez donné raison à Flandrin ? (C. T.). ( i l ) V. Revue du Lyonnais, 5= série, tome II, page 320.