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                LAURENT MEILLET DE MONTESSUY                         323

qui estait là, osterait le moyen de courir, sauter et se tour-
ner agilement et ferait perdre la partie aux plus excellents
joueurs : ce que le roy lui accorda, et par ce moyen il gagna
le jeu et l'honneur de meilleur joueur. »
    Laurent avait des loisirs et quoiqu'il fut, avoue-t-il,
« combattu par sa nonchalance et agité par les mouve-
ments de sa jeunesse » (il .avait près de vingt-huit ans), il
se mit cependant courageusement à apprendre l'italien que
l'on parlait à la Cour autant que le français, la reine étant
 Marie de Médicis.
    Le premier livre italien que put lire Meillet fut un livre
 qu'il connaissait bien, dont on parlait beaucoup autour de
 lui et qu'un bon capitaine devait pouvoir citer : Discorsi
 del signor Scipiom Ammirato (25), sopra Cornelio Tacito
 nuovamente posti in luce. In-4°, Fiorenza, fil. Giunti, 1598.
    Jean de Saulx ayant constaté les progrès rapides du gou-
 verneur de son fils dans l'étude de cette nouvelle langue, il
 en profita pour l'envoyer en Italie avec son élève. Ce voyage
 complétait l'éducation de ce jeune seigneur et Laurent
  devait en même temps négocier diverses affaires dont il
  parle vaguement et avec mystère.
     En Italie, Meillet retrouva l'ouvrage de Scipion Ammi-
  rato, ce qui lui fait écrire à Jean de Saulx (26) : « J'ai eu


    (25) Scipion Ammirato, né le 27 septembre 1531a Lecce, dans le
 royaume de Naples, mourut à Florence le 30 janvier 1601. Erudit et
 historien, il a laissé des ouvrages estimés ; ses discorsi sopra Cornelio
 Tacito, furent sans doute inspirés par les discours de Machiavel sur
 Tite-Live. Montaigne avait-il connaissance de l'ouvrage d'Ammirato,
 lorsqu'il écrivait (III, 8) : « Tacite est une pépinière de discours éthiques
 et politiques pour la provision et ornement de ceux qui tiennent quelque
 rang au maniement du monde. »
    (26) Éd. 1618, épistre.