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DES GRANDS CARMES DE LYON 337 Carmes et le Provincial avaient enjoint aux religieux de faire apposer le sceau du couvent au bas de cet hommage. Ont-ils voulu laisser une trace de leurs timides protestations et accuser leur fidélité aux traditions plus fières du gallica- nisme, en négligeant de compléter les formes solennelles dont devait être entourée une déclaration imposée à leurs scrupules religieux par l'esprit dominateur d'une congré- gation catholique? Si cette omission n'a pas été un acte irréfléchi, les Grands Carmes de Lyon ont fait preuve d'un remarquable esprit de prévoyance à la fois religieuse et politique. Nous connais- sons peu aujourd'hui toutes ces questions de théologie dont l'étude a si violemment passionné presque tout le xvme siècle, mais on ne saurait méconnaître que cette époque s'est res- sentie de la direction produite par les maximes accommo- dantes de la Société de Jésus. Le christianisme si facile des Jésuites, puisqu'il se contente des apparences, après avoir donné, en effet, naissance à une secte religieuse, dont la morale pure et austère, tout en commandant l'admiration, perdait, à cause de sa rigidité, son caractère pratique, n'en- gendra dans la masse des esprits, plus impressionnés par les préoccupations frivoles du siècle, qu'une profonde indif- férence. Si le clergé séculier avait eu assez d'énergie pour prendre en main la direction religieuse de la France, il eût inspiré à la génération qui allait bientôt la détruire des senti- ments de respect qui eussent, au contraire, assuré son salut. Mais les vains efforts du cardinal de Noailles avaient révélé son affaissement. La cause catholique représentée dès lors par une association qui cherchait à développer son influence religieuse en capitulant avec les faiblesses du monde, et qui, au point de vue politique, ne visait qu'à une indépen- dance absolue, dissolvant inévitable de tout corps national, N° ; — Novembre 1888. 23