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                LETTRES D ' H I P P O L Y T E FLANDRIN             55

je pleurais à chaudes larmes. Oh, comme j'aurais voulu
vous avoir là pour vous embrasser et vous remercier ; mais
vous savez tout ce que nous vous rendons d'amitié, n'est-ce
pas ? et les protestations sont bien inutiles. — Cependant
 je vous dirai que le temps et l'éloignement n'affaiblissent
point cette amitié, mais qu'au contraire elle me devient
toujours plus précieuse. Souvent, avec Paul, nous parlons
du séjour de Paris, de nos promenades, de nos conversa-
tions ; et si vous savez combien devient vif le désir que j'ai
de vous revoir, vous me répondriez à ce sujet ; vous me
diriez si enfin vous ne prendrez point une résolution, ou
si vraiment des obstacles s'y opposent tout à fait... J'espère
que non, et votre indécision est, je crois, le plus grand, le
plus réel.
   Je vous remercie mille fois du choix des livres que Paul,
m'a apportés. En ce moment je lis l'Essai sur l'indiffé-
rence (2), et je regarde toujours de plus en plus ce livre
comme un trésor. Mais pour le bien connaître, le bien com-
prendre, je sens qu'il me faudra le lire plus d'une fois ! —
J'ai lu aussi, avec bonheur, l'ouvrage de M. Gerbet(3), et
un plus tard je commencerai celui de M. Combalot (4).
  Je vais vous parler un peu de ce que je fais, afin de vous
donner l'exemple, car je désire bien savoir aussi quelles
sont vos occupations. Je viens de finir ma figure d'envoi
(vous savez, le Jeune Homme assis sur un tombeau). Main-


 • (2) Par M. de Lamennais. (Id.)
   (3) Ii s'agit certainement de ['Essai sur le Dogme générateur, ouvrage
d'ailleurs fort beau, et dont Lacuria était fort enthousiaste. (Id.)
   (4) J'ignore de quel ouvrage il est question. Plus tard, au contraire,
M. Combalot devint peu sympathique à Lacuria et à son groupe. On
sait avec quelle violence M. Combalot s'est séparé de Lamennais. (Id.)