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DU VAL-DE-GRACE 349 Toutes de beaucoup postérieures à l'époque, elles n'eussen t pas manqué de nous être rapportées par les mémoires du temps si avides de scandales et toujours si bien informés. Aussi bien, Mme de Motteville nous donne-t-elle des détails assez précis pour décourager les romanciers les moins sou- cieux d'exactitude en histoire. Par contre, il est certain que sur l'ordre du cardinal de Richelieu, Anne d'Autriche dut subir une visite domici- liaire au Val-de-Grâce, dont le but était de s'emparer de sa correspondance avec le cardinal infant, son frère. Mais le chancelier Séguier, chargé de la diriger, avait fait prévenir la reine assez à temps pour faire disparaître les lettres com- promettantes. Dans le cours de ses recherches à la Bibliothèque natio- nale, M. Servier a mis la main sur un document portant ce titre : Dessein étrange et anti-chrétien du cardinal de Richelieu. Suivant l'auteur anonyme de cette pièce, le grand ministre désirant avant tout la continuation de la dynastie, aurait donné au couple royal des conseils indignes d'un prêtre et d'un honnête homme. Pour quiconque a feuilleté les Mémoires du temps, cette accusation paraîtra sans importance. Rien n'égale la haine qu'avaient pour le grand ministre et ses créatures cette vieille aristocratie d'épée qu'il avait su réduire, et les Huguenots définitivement écrasés par sa main de fer. Le beau tableau du peintre Gérôme représentant l'Eminence grise gravissant lentement l'escalier du Louvre, donne une idée fort juste des sentiments qui régnaient alors à l'égard de son maître; par devant, des courtisans saluent jusqu'à terre l'humble religieux qui lit paisiblement son bréviaire, tandis qu'en arrière deux grands seigneurs indignés, le feu dans le regard, montrent le poing à ce roturier qui tient si