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348 LES ORIGINES nuera jusqu'à la tourmente révolutionnaire pendant laquelle ce sanctuaire devait être aussi profané. Aujourd'hui le caveau dévasté, simplement remis en état, renferme le cœur de l'illustre Larrey, de celui qui fut la Providence de nos blessés pendant les longues guerres de la République et de l'Empire. Le corps éminent dont il faisait partie et qu'il avait illus- tré par sa science et par ses vertus a voulu lui donner cette dernière marque d'estime et d'affection. Et, puisque je viens de parler d'un tel homme, je me crois autorisé à rap- porter ici l'anecdote suivante, absolument inédite, que je tiens d'un contemporain. En 1832, le vieux chirurgien de la Grande-Armée reve- nant d'une inspection en Algérie tomba malade à Marseille et vint mourir dans notre ville, précisément à cet hôpital du quai de la Charité, qui porte aujourd'hui le nom de Desgenettes. Le baron de Polinière, ancien chirurgien des armées, alors médecin de l'Hôtel-Dieu, court au chevet du moribond. Il se souvient que pendant la retraite de Russie, Larrey lui sauva la vie en lui donnant deux œufs durs, alors qu'exténué de fatigue et mourant de faim, il s'affaissait au bord de la route. Puisqu'il a sauvé son corps, il veut à son tour sauver l'âme de son ancien maître et lui procurer les secours de la religion, que Larrey accepte avec recon- naissance. Mais revenons à notre sujet. On peut dire avec M. Servier que la Val-de-Grâce était la maison de campagne, la villa de plaisance de la reine Anne d'Autriche. Elle venait y chercher le calme et la paix, le repos au milieu des intrigues qui l'entouraient; aussi bien des légendes singulières, surtout relatives à sa mater- nité tardive, se rattachent au choix même de cette retraite. A mon sens elles ne méritent même pas d'être discutées.