page suivante »
284 LE GRAND CARTULAIRE Le Grand Cartulaire d'Ainay était bien connu des érudits; depuis trente ans il était mis à contribution, sa publication était vivement dési- rée, et cependant, il restait toujours à l'état de manuscrit. Il y a quelques années, un homme éminent par le savoir et par sa situation avait pro- posé à l'une de nos Sociétés savantes de le mettre au jour ; mais on avait reculé devant cette entreprise. Ce qu'une puissante association n'avait pas osé, un seul l'a réalisé. Il est vrai, que M. le comte de Charpin nous a depuis longtemps habitués à ces généreuses audaces ; son inépuisable libéralité, son zèle infatigable pour les études histo- riques, qu'il cultive lui-même avec tant de succès, ne cessent, depuis plusieurs années, de fournir aux hommes d'étude de riches documents dont la transcription, exigeant des dépenses considérables, décourage trop souvent les meilleures volontés. Dans cette dernière entreprise, M. le comte de Charpin a eu recours à son collaborateur habituel, M. M.-C. Guigue et son fils, M. Georges Guigue qui lui ont apporté l'aide efficace de leur talent paléographique, de leur érudition et de leur activité infatigable. Le volumineux recueil de 1341, a été non pas seulement transcrit avec une irréprochable exac- titude, mais revisé soit sur les originaux, dont plusieurs ont été retrou- vés, soit à l'aide d'autres copies parfois plus correctes. On est ainsi en possession d'un texte plus sûr que ne l'est le manuscrit original. Profitant de la libéralité de l'éditeur, M. Guigue a augmenté ce pre- mier fonds d'un second Cartulaire, rédigé en 1286, et d'un Appendice qui, avec les 290 chartes du Grand Cartulaire, portent à 419 le total des pièces livrées au public érudit dans ces deux beaux volumes. On possède donc maintenant, grâce à la munificence de M. le comte de Charpin, et en y ajoutant le petit Cartulaire publié il y a trente-cinq ans, par Aug. Bernard, les pièces fondamentales de l'abbaye d'Ainay, du x= au xv= siècle. C'est un ensemble d'autant plus important, qu'il concerne un établissement dont l'histoire touche étroitement à celle de Lyon et de notre province. Le nom d'Ainay est essentiellement lié à nos annales les plus anciennes ; une tradition dont la fausseté n'a été démontrée que de nos jours, le faisait contemporain de la fondation du Lugdunum romain et l'identifiait avec un monument célèbre, l'autel d'Auguste. Ainay se trouve aussi mêlé aux origines du christianisme dans les Gaules, mais également d'une manière équivoque et incertaine. Car c'est un des