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DE L'ABBAYE D'AINAY 285 caractères particuliers de ce petit territoire d'être comme enveloppé d'une sorte d'auréole mystérieuse, nouvel attrait pour les érudits dont l'esprit investigateur se complaît dans la solution de ces questions nua- geuses. Ainay offre une ample moisson de problèmes, obscurcis encore par les amplifications des historiens, qui se sont évertués à les surchar- ger de leurs conjectures et de leurs inductions. Tout est mystère, jus- qu'au nom lui-même, sur lequel les celtomanes ont épuisé toute leur science, tandis qu'à vrai dire, cette appellation semble bien plutôt ger- manique que celtique, et ne doit pas être antérieure aux Burgondes. Mais sans s'arrêter aux incertitudes étymologiques, sans relever les conjectures inexactes ou hasardées, qui constituent toute l'histoire des six premiers siècles d'Athanacum, on trouve dans l'étude de ce monas- tère assez de faits capables de justifier l'intérêt, et assez d'éléments instructifs pour l'historien comme pour l'archéologue. L'abbaye d'Ainay fut fondée au commencement du VIIe siècle par Brunehaut, qui cherchait à expier ses crimes par des libéralités à l'égard du culte. Moins d'un siècle et demi après, le monastère fut entière- ment détruit par les Sarrasins; ils ruinèrent ce monument des remords de la fameuse reine si complètement que, malgré la solidité de la construction, il n'en est resté que quelques blocs énormes et quelques débris, qui, exhumés dans ces derniers temps, témoignaient par leur ornementation, de leur origine mérovingienne. Devenu désert, Ainay fut très lent à se repeupler. Ce fut au milieu du xe siècle seulement, que l'abbaye put être dotée d'une église, dont les proportions exiguës attestent combien furent modestes ces premiers efforts de reconstitu- tion, mais qui a le mérite d'être le plus ancien monument du Moyen- Age, authentiquement daté dans notre région et même au delà . Ce mérite, pas plus que l'intérêt historique, n'a suffi néanmoins pour le garantir du vandalisme et des outrages que, depuis une quarantaine d'années, une ignorance trop zélée inflige à nos monuments et même à notre histoire religieuse. Cependant, le monastère devint l'objet des pieuses libéralités des grands et put bientôt rivaliser d'éclat avec les établissements religieux les plus prospères de notre diocèse. La première et humble chapelle de Saint-Martin devint insuffisante, et l'abbaye se trouva assez opulente pour faire construire, à la fin du xi e siècle, le bel édifice que l'on admire encore, quoique défiguré par les restaurations modernes. Ainay