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                        EN PATOIS LYONNAIS

               Los ovris sont sins ressorça;
               Nutron blâ reste in revorsa (19),
               Nutron vin dans locavon.

   « Comment pourrons-nous payer — l'argent qu'il nous
faut donner? — les ouvriers sont sans ressource; — nos
blés restent dans nos greniers, — notre vin dans les caves. »

               Lo traita avouai (20) VAnglai
               No-z-éreinte cettafai.
               No-z-an farci de cotona,
               De drap que ne volons gin ( 2 1 ) ;
               De nutr'eioffa si bun
               Lodias que (22) nacheton rin.

   « Le traité avec l'Angleterre —nous épuise, cette fois.—
Ils nous ont farci de cotonades, — de draps qui ne valent
rien; — de notre si bonne étoffe, — ces diables-là n'achètent
point du tout. »



   (19) La revorsa (re-vorsa, de vorto) est une fosse que l'on creuse sur
le bord d'un champ ou d'un jardin et dans laquelle on enfouit les
cailloux. C'est aussi une fosse où l'on dépose de jeunes plants (couchés
obliquement de manière que le feuillage reste à l'air) pour empêcher
les racines de sécher, en attendant la plantation. Cette opération
s'appelle mettre en revorsa. L'expression de « blés en revorsa » dans la
chanson semblerait indiquer que le paysan lyonnais connaissait l'Usage
des silos. Mais il n'en est rien. L'expression doit être prise au figuré,
pour blés qui attendent inutilement la vente.
   (20) Avouai (apudhoc). Dans l'Entrée de Bacchus (1627), avoy.
   (21) Gin, v. note 14.
   (22) Dias que, lisez diasque, piémontais diaschne, euphémisme pour
diable. Le mot doit avoir une origine d'outre-monts.