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264            UNE CHANSON POLITIQUE INÉDITE

              Fa ma naval gin (14) d'esprit!
              Là, que porion-ju (15) li dire?
              — Lo gros mingeon lo petit !

   « Si nous pouvions raconter — a notre Roi bien-aimé !
— Mais je ne sais pas écrire. — Il fait mauvais n'avoir point
d'esprit! — La, que pourrions-nous lui dire [sinon] : —
Les gros mangent les petits. »

              // u sa, y a grand tin,
              Mi lausse ! y n avance rin ;
              Il a biau ringi la colta (16),
              La fixa égalamin,
              Son ouvre est mis en ribotta (17)
              Par lo saule grapignan (18).

   « Il le sait, il y a longtemps, — mais, las ! cela n'avance à
rien ; — il a beau arranger la cote, — la fixer avec égalité,
— son ouvrage est détruit— par les sales maltôtiers. »

              Coman poran-ju payi
              Los Mars que nos faut bailli?


  (14) Gin, vieux fr. gens (genus), particule négative, employée cons-
tamment en patois, et même encore quelquefois à Lyon.
  (15) Ju. Ici l'auteur a oublié de faire zézayer son orateur.
  (16) Cotta, c'est la cote de l'impôt.
  (17) Mettre en ribotte est une expression encore employée pour abîmer,
mettre en désordre. C'est ribotte, débauche, pris au figuré.
  (18) Grapignan. Ce sont les partisans, maltôtiers, fermiers, qui gri-
velaient sur l'impôt. Le grapignan est un grippe-sons, un homme qui
« gratte ». Fait probablement sur le prov. grapa, racler, gratter, d'un
rad. grtip, d'orig. german.