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LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN 25 I amènerait froideur, indifférence et peut-être pis. Croyez donc que je vous aime comme je crois que vous m'aimez, et causons un peu ; — un peu, car les travaux, les exigences d'un monde qui n'est pas tout à fait de mon choix et la mauvaise santé me sont des embarras qui dévorent tout mon temps. J'ai appris avec peine que votre voyage dans le midi n'avait pas répondu à vos espérances. Vous n'avez pas été libre et maître de vous; le temps s'est passé, il a fallu revenir à des occupations qui ne sont pas non plus de votre choix et là , vous savez nous donner un bel exemple de cou- rage et de résignation. Moi, qui suis libre et fais ce que j'aime, je ne sais pas en remercier Dieu et me trouver heureux. Je suis triste ; ma santé, il est vrai, doit y être pour beaucoup, mais je suis sûr que vous, dans la même passe, seriez infiniment plus sage. Depuis notre retour de Lyon, nous nous sommes déci- dément casés. Nous avons, rue de l'Abbaye, 14, un bel atelier et un joli petit appartement ; c'est même plus que nous ne voulions, mais faute de trouver juste ce qu'il nous fallait, nous avons pris mieux, et nous sommes mis sur le dos un loyer de 1,200 francs ! Puis il a fallu meubler tout ça, et aller jusqu'à la batterie de cuisine, car en faisant notre cuisine chez nous, nous trouvons meilleur et plus écono- mique qu'au restaurant. L'atelier est très beau. Nous tra- vaillons maintenant, moi à mes cartons, à mes esquisses, âmes éludes pour la chapelle (2), et je me suis décidé pour (2) La chapelle de Saint-Jeau-Baptiste dans l'église de Saint-Séverin. Hippolyte y a peint deux beaux morceaux.