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LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN 249 réparer le temps passé loin de lui! Ici, autour de nous, tout le monde a été bien bon. Mais, hélas, nous avons bien senti le vide des consolations qui ne sont pas prises dans la religion. Où étiez-vous, pauvre ami, les vôtres auraient été meilleures. Je prie Dieu qu'il vous conserve longtemps votre bon père et votre bonne mère, car c'est un trop grand malheur, une douleur trop affreuse. Il nous reste notre digne, notre excellente mère et nous brûlons du désir de la revoir, mais je ne le peux pas encore. C'est dans ces tristes circonstances, chagrin et malade, qu'il me faut poursuivre sans relâche un tableau important pour mon avenir. Après dix-huit mois de fièvre, j'avais besoin de reprendre des forces, il aurait fallu aller à la campagne, mais il fallait aussi travailler pour arriver au terme fixé. Je travaillais donc comme un malheureux lorsque cette affreuse nouvelle est arrivée et vous sentez que ça n'a augmenté ni mes forces, ni mon courage. Aussi Dieu sait ce qu'il sera. Et vous, que faites-vous ? où êtes-vous ? Nous ne savons rien. Avez-vous repris votre galère, ou avez-vous enfin trouvé quelque chose qui soit un peu plus de votre goût? Je le souhaite bien et je vous assure que si ça dépendait de moi, vous n'attendriez pas longtemps. Vous le croyez aussi, n'est-ce pas? J'ai un reproche à vous faire, c'est que vous ayez si bien tenu la parole que vous donniez à Paul, dans votre dernière lettre. Vous vous promettiez de ne plus me dire ce que vous pensiez de mes envois, vexé de la manière dont j'avais répondu à vos critiques. Ces réponses étaient courtes et générales, je le sais, mais je discutais presque toujours sur une chose qui était bien loin, et passée depuis longtemps. D'ailleurs, je ne croyais pas que vous attribueriez cela à quelque mauvais sentiment, et c'est mal de l'avoir pris ainsi. J'avais cela sur le cœur et je vous l'ai