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                  DES GRAKDS CARMES DE LYON                          165

derniers venus; en voulant prendre place à côté de maisons
 déjà fondées, les nouvelles allaient modifier les conditions
 d'existence de celles-là; et comme la possession du néces-
saire n'était pas assignée pour limites à leurs convoitises,
c'était le désir de la fortune et des richesses s'installant dans
 chaque communauté religieuse, cherchant à se satisfaire au
 dehors à l'aide de l'habileté et quelquefois de la violence,
recourant à la justice séculière ou ecclésiastique contre les
plus forts, bravant les décisions de toutes deux quand elles
condamnaient leurs vues, flattant surtout avec adresse les
dispensateurs des grâces, des privilèges et sollicitant à l'envi
comme une faveur quelques charges temporaires et hono-
rifiques presque toujours lucratives. Je viens d'indiquer
les sources fécondes de la fortune de toutes ces commu-
nautés; celle dont je vais retracer l'intéressante histoire, ne
pouvait échapper à ce courant d'efforts et de tentations.
   Le couvent des Grands Carmes a su en effet comme
toutes les congrégations religieuses, acquérir d'immenses
ressources, mais il est juste d'ajouter pour l'honneur de sa
mémoire, qu'il en fit constamment un noble usage. A
toutes les époques de nos calamités publiques, la population
trouvait à la porte du cloître, une généreuse assistance; les
étrangers que leurs travaux recommandaient aux corps
savants de la ville, y étaient gratuitement logés, les prélats
que des intérêts sacrés pouvaientappeler à séjourner à Lyon,
y recevaient un accueil digne de leur rang; enfin, quand
les conseillers de ville avaient besoin pour quelque service
public de l'église ou des bâtiments du monastère, tout


établissements religieux qui, au Moyeu Age, n'avaient trouvé à se
fixer qu'en dehors des fossés, c'est-à-dire dans la banlieue, laquelle se
trouva en 1740, comprise dans la ville elle-même.