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        LE CENTENAIRE DE L'ASSEMBLEE DE VIZILLE               13

peuple. Alors le régiment de Royal-Marine, celui d'Aus-
trasie prirent les armes, mais c'était trop tard ; l'insurrection
avait pris des proportions telles qu'il aurait fallu des flots de
sang pour la réprimer. C'est ce que ne voulait pas M. de
Clermont-Tonnerre. Il recula devant cette extrémité.
   Il envoya un de ses aides de camp à M. de Bérulle, en
déclarant surseoir jusqu'à nouvel ordre à l'exécution des
lettres d'exil du Parlement et demander de nouvelles ins-
tructions au roi si la ville voulait désarmer. M. de Bérulle
et le Parlement firent ce qu'ils purent pour apaiser les
esprits, mais le peuple demandait un contre-ordre formel,
sans quoi il réclamait de nouveau les clés du Palais; il fallut
le satisfaire, le Duc envoya l'ordre exigé.
   Mais pendant que l'on ramenait peu à peu à la raison la
ville de Grenoble, les gens de la campagne, attirés au pied
des remparts par l'appel incessant du tocsin, les avaient
escaladés et s'étant trouvés à la hauteur des fenêtres du
Commandement, criblées de coups de fusils, avaient péné-
tré dans l'intérieur et quelques-uns d'entre eux avaient
même levé la hache sur la tête du duc de Clermont-
Tonnerre.
   Heureusement, le vaillant gentilhomme se défendit assez
longtemps pour que les trois consuls de la ville vinssent
le dégager, accompagnés de M. de Bérulle et d'une com-
pagnie de milice bourgeoise. Le Premier Président alla
ensuite tenir au Palais de Justice un semblant d'audience
qui satisfît la foule. Il eut toutes les peines du monde à
repousser l'ovation triomphale qu'on lui avait préparée.
   C'est ainsi que la première journée séditieuse de la Révo-
lution eut lieu en faveur d'un corps aristocratique et privi-
légié. Deux ou trois ans après, ce corps devait être dissous