Revue du Lyonnais » série 4 - n°10 ( 1880 ) » pp.468

                  POÉSIE

Je sens des rougeurs fugitives
        Et naïves,
Et comme d'incertains frissons !
El, pour moi, mousses, nids et roses,
        Douces choses,
Ont trouvé d'étranges chansons.

Je poursuis je ne sais quel songe,
        Et me plonge
Dans un inconnu radieux !
C'est comme un monde qui s'éveille,
        M'émerveille,
Et mon âme seule a des yeux.

Je nai plus cette sève ardente,
        Débordante,
Et des élans fous comme toi ;
J'aime le silence, et, muette,
        Inquiète,
Je pleure sans savoir pourquoi !

Ce qui cause ton gai délire,
        Ton fou rire,
Moi, me fait rêver tout un jour !
Cette crainte vague, indécise,
        Qui me grise,
Serait-ce l'éveil de l'amour ?...

                     Aux DE BÉRANGEON.