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                      D'EDGAR QUINET                      289



     MON CHER COMPATRIOTE ET VÉRITABLE AMI,


    Vous avez dû recevoir, dans le journal le Rappel, mon
adresse aux électeurs de l'Ain, et particulièrement aux pay-
sans. Je ne me fais pas l'illusion de croire que cette adresse
arrivera jusqu'à ceux pour lesquels elle a été écrite. Mais
il est toujours bon d'accomplir ce que l'on regarde comme
un devoir même envers ceux qui ne s'en doutent pas. Puis-
qu'il n'y a pas de journal de véritable opposition à Bourg,
je n'ai aucun moyen de faire arriver ma voix aux popula-
tions. Des comités pourraient seuls réussir à quelque
chose. Le Rappel mettrait assurément un certain nombre
d'exemplaires à notre disposition. Au reste, je pense bien
que rien n'est organisé dans notre Bresse; et l'on a dû
prendre ses précautions pour que le vote se fasse la corde
au col.
   N'importe, ce plébiscite, quel qu'en soit le résultat, les
ébranlera plus qu'il ne les raffermira. Quand il faut user de
pareils moyens monstrueux, c'est qu'on est bien malade. Il
y a dans tout cela un mélange trop visible de fraude et de
démence. Un peu plus, c'est le Delirium tremens.
   Vous avez dû recevoir, il y a quelques jours, un premier
article de moi, le Plébiscite. Je le réimprime en ce moment
dans un volume que je vous enverrai dès que l'on pourra
penser à autre chose qu'au gigantesque escamotage où la
France va disparaître dans le gobelet.
   Patience ! le jeu finira mal pour les joueurs. On ne peut
pas escamoter l'espèce humaine.
   Soyez assez bon pour me dire comment le tour de passe-
 passe aura été accompli dans notre pays ; les villes, au
 moins, ne voteront-elles pas NON ? J'inclinais, au premier