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                  DE CHARLES DELESCLUZE                       285

  Bons souhaits pour 1870
  Je crois pouvoir vous dire que vous aurez la réalisation
de tous vos vœux.
                                30 décembre 1869.



                                              Dimanche, 21.
        CHER CITOYEN,

   Retenu chez moi par une indisposition, je profite de ce
congé, que je ne cherchais pas, pour vous rassurer sur l'ac-
cueil que vos lettres trouvent chez moi.
   Si les quelques mots de réponse que je vous ai expédiés,
trahissaient autre chose que la précipitation, si vous avez
cru y voir un reproche, croyez qu'en courant sur le papier
ma plume a trompé ma pensée.
   Nous sommes l'un et l'autre dans des conditions différen-
tes. Placé au centre, voyant de près les infirmités du parti,
ce n'est pas sans y avoir mûrement réfléchi que j'ai pris un
parti qui doit vous sembler hasardeux.
   Il n'y a pas à se le dissimuler, le parti est à refaire du
flûte à la base. C'était devenu une sorte de caravansérail où
devaient se loger les opinions les plus diverses. Le nombre
n'est rien quand il se fait avec des éléments hétérogènes. Si
l'on voulait se contenter d'un triomphe par à peu près, il
fallait se jeter dans l'Union libérale. C'eût été creuser la
tombe de la démocratie.
   Grâce au Réveil, il y a eu protestation ; mais, en fait,
l'Union libérale a prévalu presque partout, si ce n'est à
Paris, Lyon et Marseille.
   En portant le débat sur la question fondamentale du ser-
ment, nous ne ressuscitons pas seulement la probité politique, nous
chassons du temple les marchands et les coureurs de compromis.
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