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LE SONGE DE M. PAMPONNET 273 stalles de noyer ; adroite, rangés à la brochette, quatre accusés, sournois, farouches, de ces figures qu'on n'aime- rait pas à rencontrer dans un bois ; devant eux, quatre avo- cats rangés de même ; et, au centre du prétoire, sur la table, des pièces à conviction, des pressons, des haches, des couteaux, des bouts de bougies, des cordes et deux petits fûts à eau-de-vie de marc... Au fond de la salle, on s'étouffait pour voh\ Lentement, les interrogatoires succédèrent aux interro- gatoires, les dépositions aux dépositions. Les heures s'écou- lèrent, sans que personne en eût conscience, les juges et les avocats d'office exceptés. Puis, la parole fut donnée au ministère public : — Jamais, suivant lui, malfaiteurs plus dangereux ne s'étaient assis sur le banc des accusés !.... Dubois et Sergent avaient été amenés à reconnaître leur participation aux crimes géminés qui étaient imputés à leur charge Mais, il ne fallait leur savoir aucun gré de ces tar- difs aveux, arrachés par l'évidence même Quant à Bro- chet, dit Y Anguille, quant à Chauvot, dit le Hérisson, ces accusés s'étaient constamment renfermés dans un système d'audacieuses dénégations Toutefois, leur culpabilité n'était pas moins certaine que celle des deux premiers Des preuves?... la défense demanderait des preuves?... Mais ces sobriquets, sous lesquels les gens suspects cèlent leur identité, n'était-ce point pour se soustraire à l'action de la justice qu'ils s'en étaient affublés ?... Et ces engins trouvés en leur possession ?... L'honorable organe du ministère public mettait en fait que tout individu, dans les poches duquel on découvre de la corde et de la bougie , est un voleur !... MM. les jurés devaient donc se montrer inexo- rables pour les quatre accusés, tous coupables au même chef! D'autant plus, — ajoutait M. le procureur impé- rial en élevant la voix, — d'autant plus que le principal, le