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226                  LES ALFS DANS LE NORD
   Un grand nombre aident à leur monarque Obéron à
diriger les phénomènes adventices de la moyenne région
de l'air ( i ) . Mieux connues de la foule, leurs épouses
et leurs filles passent en plusieurs pays de l'Allemagne
pour de très adroites fileuses. Cette longue apparition
de fils légers flottant sous le ciel au temps de la
Saint-Martin, et nommés en France fils de la Bonne
Vierge leur est généralement attribuée. On l'attendait
chez le peuple féminin des fermes et des villages comme
une avant-courrière des veillées communes ou grandes
veilles, que dépêche au pauvre monde délivré du travail
 des champs le chœur des célestes filandières. Aussi, pour
la rendre visible à tous dans son évolution à travers l'espace,
 choisissent-elles les derniers beaux jours de l'automne, les
 dernières magnificences de l'atmosphère (2). Au talent de


  (1) « Ces étoiles qui filent, ces feux qui brillent et disparaissent tout
à coup au milieu de la nuit font encore partie de ces charmantes créa-
tures... Les peuples du nord qui les connaissaient sous le nom généri-
que à'Alf, Elf... en distinguaient de plusieurs natures (Le Roux de
Lincy, ouvr. cit. 158).
   (2) Les veillées ouvrières sont fixées dans les parties centrale et sep-
tentrionale de la France à la fin de l'été, ou à la Bonne-Dame de Sep-
tembre ; de là ce vieux proverbe :
         A la Bonne-Dame de Septembre,
         Caràeur, faut allumer ta lampe.

   Les grandes veillées champêtres commencent immédiatement après
les semailles, quand les fils de la Vierge se mettent à descendre du
ciel. La Bonne Vierge a filé, disent les villageoises, il est temps de
reprendre nos veillées. Ces veillées nommées en pays messin hure ou
Yottre « tâche, » en Forez coura « assemblée, » étaient et sont encore
en plusieurs endroits chose importante. Dans les fortes métairies et dans
les hameaux, on approprie pour servir de rendez-vous aux rouets, aux
quenouilles, aux broches à tricoter, l'étable la plus vaste. A Bourré,