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DEUX AMITIÉS 231 bien, Mina la lui ayant enseignée pendant les dix-huit mois qu'elle avait passés en France, et la parlant constamment depuis deux mois. Wilhem, qui était employé chez un éditeur, apporta un jour une nouvelle imprimée dans une Revue allemande.— Mon patron, dit-il, voulait la faire traduire en français pour l'envoyer à un journal de Strasbourg, mais la personne qui est chargée de cela étant dangereusement malade, j'ai pensé que Mina, aidée de mademoiselle Marie, pourrait se charger de ce travail. — Ce sera Marie au contraire qui s'en chargera avec ou sans mon aide, s'écria Mina, cela est tout à fait dans ses goûts et dans ses moyens. D'ailleurs, qui sait si cela ne sera point un commencement ? Marie se récusa d'abord ; puis on lut la nouvelle, et on la trouva charmante; bref, trois jours ne s'étaient pas écou- lés que la nouvelle, très bien traduite, était remise à Wilhem. L'éditeur satisfait vint faire une visite à la jeune fille et lui proposa de continuer à traduire toutes les nouvelles qux paraîtraient dans ce journal allemand. Marie, avec regret, objecta son prochain départ. —• Ceci ne serait pas une difficulté, répondit l'éditeur ; vous traduisez très promptement; de plus, vous rendez d'une manière fort juste et fort agréable la poésie allemande en vers français, m'écrit mon correspondant de Strasbourg; je vous enverrai les Revues si vous.y consentez. Il est inutile d'ajouter que Marie accepta avec empresse- ment. Elle avait enfin trouvé une occupation intellectuelle et lucrative à la fois. Elle revint à Chênelong heureuse et transformée. Elle par- tage maintenant ses journées entre sa mère et ses travaux lit- téraires. Ceux-ci sont assez fructueux pour lui permettre d'al-