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                       DEUX AMITIÉS                       221

joie. Quelque dépense que cela lui eût occasionnée, elle
l'aurait accompagnée si une dame respectable, Mmc Gênas,
qui connaissait Mme Werner, et qui allait à Paris pour trois
ou quatre jours, ne se fût chargée de la jeune fille.
    Quoique la grande ville ne fût qu'à une faible distance de
Chênelong, Marie la connaissait à peine. Bien des circons-
tances se réunissaient donc pour faire de ce petit voyage un
grand plaisir pour elle. Le chemin de fer venait d'être ter-
miné. Le panorama changeant qui se déroula à ses yeux,
les villages dont elle embrassait l'ensemble, bien mieux que
dans les diligences d'autrefois, les villas gracieuses que ne
voilaient pas les arbres commençant seulement à fleurir, les
stations avec le va et vient des voyageurs, les cloches, le
sifflet de la locomotive, tout ce bruit infernal, tout ce mou-
vement, toute cette vie enchantèrent Marie. Elle trouva le
trajet trop court, quelque désir qu'elle eût de revoir son
amie. La locomotive ralentit sa marche, elle s'arrête, voici
la gare, voici Paris. Marie descend lestement, aide sa com-
pagne à descendre aussi et suit la foule compacte qui s'é-
paissit à chaque pas. Dans la salle de sortie, beaucoup de
personnes attendent les nouveaux arrivés ; on se reconnaît,
on s'embrasse. Marie parcourt tous ces visages d'un regard
inquiet, mais ne rencontre aucun regard ami.
    — Voyez-vous Mme Dermont ou sa femme de chambre ?
demande Mme Gênas qui se rendait dans un quartier tout
opposé à celui qu'habitait Mathilde.
    — Je la cherche et ne puis la trouver, répond la jeune
fille.
    On les presse, elles sont obligées d'avancer, de sortir de
la salle ; au dehors, Mathilde ne paraît pas non plus. Marie
rentre, cherche encore, mais décidément c'est en vain : le
train est en retard de quelques minutes, il est inutile d'at-
tendre davantage.