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l8o LA STATUE û'OYONNAX voyons qu'un héros ou une divinité dans un calme superbe qu'aucun ennemi ne viendrait impunément troubler. Le combat ramasse le corps, tend les muscles, abaisse la tête, anime le regard ; le buste se jette en avant, la poitrine fré- mit et les pieds s'affermissent sur le sol, prêts à recevoir un choc. Ici, rien de tel. La tête est droite, le corps se cambre, un pied se soulève, le visage est d'une majestueuse tranquil- lité; tout indique la paix, l'attente ou le repos. Nous ne savons dans quel but M. Sirand parle du sexe de notre personnage. Quiconque a vu ce corps svelte, ces flancs étroits, ces cuisses sèches et nerveuses, cette poitrine ferme et dégagée n'éprouve aucune hésitation. Cette petite facétie n'était pas digne d'un savant. N'en déplaise encore à l'archéologue bressan, nous ne voyons aucune trace, aucun indice de bouclier à ce bras gauche si élégamment relevé. Le mouvement n'est pas celui d'un guerrier qui se couvre et se protège. Puis les doigts sont repliés comme s'ils tenaient un objet, hampe de dra- peau, bâton de commandement, ou manche de trident d'un rétiaire. Dans ce dernier cas, qui nous a été indiqué par un archéologue lyonnais, ce serait le filet qui aurait été tenu dans la main droite abaissée. Nous-même, entre les doigts repliés et la paume de la main, nous avons fait glisser le fût d'une lance, dont l'ex- trémité repose à terre et, faisant point d'appui, permet au guerrier de se tenir debout, dans la position du dieu Mars du père Montfaucon, tome Ier, planche LXVI, figure 4 ; mais est-ce bien une lance que le statuaire avait mise dans la main de son héros? Nous soumettons la question aux éru- dits. Si nous n'acceptons pas le bouclier, ni même l'épée de M. Sirand, nous n'admettons pas d'avantage les caractères grecs que M. Rouyer dit avoir lus autour du casque de no-